Bourse du travail
de Lyon
Au milieu des années 1920, la ville de Lyon lance un appel à projet pour la création d’une nouvelle bourse du travail où les syndicats de la ville pourraient siéger. Tony Garnier est le premier à proposer un projet ambitieux et coûteux, qui ne sera pas retenu. C’est ensuite que Charles Meysson proposera le projet de la Bourse du Travail telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Les fonds débloqués en 1930, sur fond de crise économique et politique profonde (chômage massif, grèves, instabilité…), permettront aux syndicats d’y siéger à partir de 1934.
L’inauguration du bâtiment à lieu en 1935 et le bâtiment est bien accueilli par la population et par la presse : « Le résultat, répétons-le est remarquable, il est digne du magnifique et si complet palais que la municipalité de Lyon vient de mettre à la disposition des organisations ouvrières ».
Parmi les dates marquantes :
- 29 mars 1966, Martin Luther King s’adresse aux lyonnais à la bourse du travail : » Vous me permettrez de dire en terminant, combien j’apprécie le soutien moral et financier que vous apportez au combat que nous menons. En le faisant, vous reconnaissez que toute menace contre la justice, quelque part dans le monde, est une menace partout dans le monde. «
- 2 novembre 1989, les toitures ; les façades avec leurs décors ; l’atrium et son décor sont inscrits aux Monuments Historiques (MH).
Les traits saillants du mouvement Art Déco (années 1925 – 1940)
Il est important de noter qu’il n’y a pas un style Art Déco, mais des styles Art Déco. Ce mouvement doit son nom à une exposition de mobilier, décoration et architecture à Paris en 1925.
Ce mouvement est inspiré par de nombreuses influences : Égypte, Grèce et Rome antiques, futurisme, cubisme ou encore Bauhaus, avec des variations en fonction des pays où il est présent.
Le mouvement Art Déco symbolise l’idée de modernité, de glamour et d’énergie.
Pour caractériser ces idées, la géométrie de ce mouvement refuse catégoriquement les angles droits, lui préférant des pans coupés ou arrondis. On y retrouve des frontons, d’abord arrondis puis pyramidaux, en trois pans, des hublots ronds, hexagonaux ou octogonaux ainsi que des bow-windows.
Plus épuré que l’Art Nouveau (riche en bas reliefs fleuris), le style Art déco met l’accent sur la géométrie de la nature. On y retrouve des ferronneries, des ornementations et quelques bas reliefs inspirées de la nature et simplifiés dans leurs dessins. Les matériaux utilisés sont très nombreux : chrome, laiton, acier poli, aluminium, bois incrusté, pierre ou vitrail.
Pour la nouvelle Bourse du travail de Lyon, l’architecture est typique du mouvement Art Déco.
- Par ses pans coupés créant une implantation hexagonale
- Par les hublots de forme hexagonale également
- Par les nombreuses marquises en béton armé, anguleuses, mais jamais à angle droit, protégeant chaque entrée du bâtiment
- Par la richesse de ses sculptures et sa mosaïque en céramique sur la façade ouest
- Par la géométrie de la typographie utilisée.
Un ensemble décoratif sur la façade ouest est commandé par la ville de Lyon en 1932 selon le cahier des charges suivant : « s’accorder avec l’architecture du bâtiment et avoir une destination sociale ».
L’artiste Ferdinand FARGEOT est recommandé à la ville de Lyon pour ses travaux réalisés à Lyon et à Paris, par l’architecte Charles Meysson lui-même.
La mosaïque La vie embellie par le travail est mise en place en 1934 par 35 mosaïstes. Elle est alors la plus grande mosaïque de France, 172 m² avec comme clé de lecture, une « allégorie du travail » selon Ferdinand FARGEOT, son créateur.
Le Progrès du 14 juillet 1934 décrit la mosaïque ainsi : « L’idée réfléchie, délibérée de la paix sociale, de la vie, bonne pour tous par l’entente, la coopération, l’entraide solidaire des travailleurs à tous les degrés ».
Ferdinand Fageot fait apparaitre l’architecte du bâtiment ainsi que le maire de la ville Edouard Herriot dans la mosaïque.
Cette attention fait débat, bien que saluée par la presse : « N’est-il pas dans la meilleure et plus ancienne tradition classique que peintres et sculpteurs fassent figurer dans leurs œuvres, amis ou ennemis, flattés ou caricaturés, leurs contemporains ».
À ce débat, le maire de la ville répond « Si l’on pouvait me faire disparaitre de la mosaïque de la bourse du travail, je le demanderais ».
Le mouvement Art Déco dans le monde
L’Empire State Building, créé par le cabinet Shreve, Lamb & Harmon achevé en 1931, haut de 103 étages et 443 mètres.
Lyon, avant ce projet ?
Avant la création de la Bourse du Travail place Guichard, c’est dans l’ancien Théâtre des Variétés au 39 cours Morand (cours Franklin Roosevelt), mis à disposition par le maire Antoine Gailleton en 1891; que les ouvriers se réunissaient.
Devenu trop petit, c’est ensuite au palais de la Mutualité de la place Jutard que les syndicats se réunissent. Jusqu’en 1929, où le palais de la Mutualité devient à son tour trop petit. La ville de Lyon, représentée par E. Herriot, décide alors de construire un bâtiment dédié.
La place Guichard est créée en 1892, dans le but d’aérer un quartier au tissu urbain dense. Une fontaine monumentale (déplacée des Terreaux pour laisser la place à la fontaine Bartholdi) est installée au centre de la place, puis détruite en 1943 pour laisser place au trolleybus.
Données clés
- Année de Construction : 1935
- Architecte : Charles Meysson
- Peintre : Fargeot Ferdinand
- Fonction : Local syndical ; lieu de spectacle
- Adresse : 205 rue de Créqui, 69003 Lyon
- Niveaux : R+6
- Hauteur : ≈ 25 m
- Style : Art Déco
- Structure : Béton armé
- Surface de la mosaïque : 172 m2
- 26,5 m de long
- 6,5 m de haut
- Poids de la mosaïque : 3,5 tonnes
Sources :
- Lyon découvre « La Vie embellie par le travail » – linflux.com
- Discours de M.L.KING BM Lyon
- Bourse du travail pop.culture.gouv.fr
- Guichet du savoir – Bourse du travail : historique
- La Mosaïque de la Bourse du travail, le Progrès 14 juillet 1934
- Bulletin Municipal- Lyon, août 1934
- Revue Rive Gauche – septembre 1985 – Rive Gauche – 3ᵉ trim 1985
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